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Projet Outre-Mer : Marie-Christine Plourde

Projet Outre-Mer : Marie-Christine Plourde

En partant de chez moi le 8 juillet, je savais que j’étais sur le point de vivre une expérience qui allait changer ma vie. Mes sentiments étaient mitigés : enthousiasme, appréhension, courage, fierté, détermination. Quand l’avion a décollé, même si l’aventure avait déjà commencé (je préparais le voyage avec l’équipe depuis notre première rencontre sur Skype en janvier), j’avais l’impression de faire partie de quelque chose de bien plus grand que moi. Je renonçais à mon été de repos, de relaxation, de ressourcement pour la prochaine année scolaire… mais je n’abandonnais rien, on me donnait l’occasion de partager, d’apprendre, de collaborer, dans un cadre extraordinaire : un autre continent!

Un projet de collaboration incroyable : pouvez-vous imaginer? Collaborer avec des collègues de partout au Canada, partager des réussites, des défis communs et poursuivre le combat pour l’éducation pour tous. En tendant la main à des collègues lointains du Burkina Faso, de l’Île Saint-Vincent ou de la République dominicaine, des enseignantes canadiennes auraient l’occasion de s’asseoir et de discuter avec des enseignants de pays en développement. Ensemble, nous avons discuté de leurs préoccupations : comment faire en sorte que les enfants aient accès à l’école, comment rendre les techniques d’enseignement plus pertinentes et plus efficaces, et comment, ensemble, sur le plan international, nous pouvons avoir un impact sur la vie les uns des autres.

Voyager à l’étranger était une première pour moi, mais l’organisation Project Overseas nous a accompagnées à chacune des étapes et a pris soin de tout. C’est une équipe très solide qui connaît bien la réalité de ce genre de voyages. Ils en font depuis 1962! Naturellement, il y a toujours des retards et nous avons dû emprunter un autre itinéraire que celui prévu, nous sommes arrivées avec un retard de près de deux jours à Ouagadougou, mais à notre arrivée, l’équipe d’organisation burkinabé était là pour nous accueillir, même à 2 heures du matin. Nous sommes allées directement à notre chambre dans une villa située en ville, car nous étions épuisées et qu’une journée de travail complète nous attendait le lendemain.

La première journée de travail a été très dynamisante pour nous, Canadiennes, et très impressionnante. Les professeurs burkinabés avaient revêtu leurs plus beaux atours et il y a eu une cérémonie d’accueil qui m’a semblé très officielle. Ce fut tout un événement d’accueillir l’équipe canadienne. Nous étions très fières et nous nous sentions vraiment chanceuses de faire partie de cette expérience et d’avoir la possibilité d’être simplement là. Nous avons pris une collation et nous avons commencé la journée tout de suite. Nous étions divisés en groupes spécifiques : je collaborais avec l’inspecteur des écoles pour le français de niveau secondaire. L’esprit de collaboration était excellent. Christophe voulait savoir comment nous faisions les choses au Québec. Nous avons examiné avec beaucoup d’enthousiasme toutes les ressources, livres et outils que j’avais apportés avec moi. Le jumelage nous a permis de développer une relation authentique qui enrichirait nos pratiques respectives. Même après que j’ai quitté l’Afrique, Christophe et moi avons continué à collaborer et à dialoguer par messagerie électronique. Je lui ai envoyé certaines des ressources que j’ai créées et qui lui ont plu, et il m’a également fourni de nombreux conseils et outils. La manière dont il écoutait les enseignants avec lesquels il travaillait m’a montré qu’il était très intelligent, un leader calme, qui valorisait l’éducation, les connaissances, le partage. J’ai réalisé que j’avais beaucoup de chance d’avoir trouvé un tel mentor. Ses sages paroles continuent de m’inspirer dans mon enseignement.

Sous l’aile de Christophe, il y avait deux groupes d’enseignants. Certains d’entre eux avaient dû parcourir deux heures en scooter pour se rendre au point de rencontre. Ils enseignent à des classes d’environ 150 élèves et travaillent dans des zones rurales très éloignées, sans outils, sans ressources, sans ordinateur(!) dans leurs salles de classe. Ils ont à peine un exemplaire des manuels pour chaque élève.

Malgré tout, ces professeurs étaient là. Ils se présentaient tous les matins pour assister à une activité de développement professionnel. Ils sont venus prêts à apprendre. Ils débordaient d’idées! Ils arboraient un sourire fendu jusqu’aux oreilles. Nous avons travaillé en petits groupes, nous avons créé une séquence d’apprentissage en français et Christophe a dirigé les équipes afin que nous puissions aborder les problèmes auxquels elles étaient confrontées. Il prodiguait ses conseils en tant qu’inspecteur et les participants pouvaient discuter avec lui de la manière d’améliorer leurs pratiques en fonction des attentes de l’État. Ils ont apprécié cette occasion d’apprendre à s’améliorer dans leur travail. J’écoutais, je me joignais à la conversation de temps en temps, surtout émerveillée par nos différences et nos nombreuses similitudes.

J’ai rencontré des jeunes hommes et femmes désireux de changer le monde, qui voulaient faire du monde un meilleur endroit, en commençant par LEUR classe. Je n’avais pas besoin d’aller en Afrique pour voir cela. Mais je l’ai fait. Ces professeurs étaient formidables : Merveille, Wenda-Yolin, Marie, Hamadou et bien d’autres…

À Gaspé, à Ottawa, à Winnipeg, à Edmonton, quatre enseignantes ont décidé de partir à l’étranger pour être inspirées : Bridget, Karen, Jessica, wow… trois amitiés, trois personnes extraordinaires, bienveillantes, à l’écoute, drôles. Nous étions là depuis le premier jour et notre amitié ne s’est pas démentie. Nous sommes tellement chanceuses d’avoir ce lien avec trois personnes extraordinaires qui nous inspireront pour le reste de notre vie!

À notre retour, nous étions emballées par ce que nous avons vécu. Venues de différentes régions du Canada, nous avons continué à nous encourager mutuellement à faire de notre mieux. Maintenant, nous avions de nouvelles façons de faire, de nouvelles idées. Nous voulions encourager l’apprentissage, faire de l’école un lieu sécuritaire pour tous, transformer notre état d’esprit et repousser les limites.

Cette aventure nous a amenées à découvrir de quoi nous étions capables, surtout lorsque nous travaillons en équipe. Cela m’a montré que partout où l’on va, il y a des gens comme nous, des gens bienveillants!

Partout dans le monde, il y a des enfants qui veulent un bonbon… ou deux. Il y a des adultes qui veulent jouer. Il y a des livres. Il y a de la bonne bouffe et des gens veulent la partager avec vous. Ils veulent vous impressionner par leur culture et leur histoire. Ils veulent être écoutés, comme n’importe qui d’autre. Ils sont fiers. Pendant nos temps libres, nous avons visité les endroits les plus magnifiques et nous nous sommes assis ensemble pour parler de la vie tout en savourant des produits locaux.

Cette expérience a changé ma vie. C’est l’une des choses les plus difficiles, mais aussi l’une des plus enrichissantes que j’aie vécues. Une fois que vous avez vécu ce genre de situation où vous n’êtes plus en contrôle, vous décidez de lâcher prise et de faire confiance à l’organisation, aux dirigeants, vous avez confiance dans les valeurs que vous partagez avec l’organisation, tout se passe bien, et la capacité de faire confiance devient une partie intégrante de votre personnalité. Vous trouvez votre place dans le processus. Vous savez que vous avez une raison d’être. Qui aurait pensé que la confiance et la capacité de lâcher prise seraient le plus grand enseignement que j’en retire? D’avoir confiance dans le fait que l’éducation pour tous compte. Que le travail des éducateurs du monde entier contribue à changer le monde.

Non, vous ne pouvez pas savoir à l’avance comment vous serez transformés. Mais vous rendre à l’étranger pour participer à ce projet va certainement vous transformer. Et alors seulement, vous comprendrez pourquoi et comment. Et c’est la beauté de la chose.

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